Entre idées reçues et nouveaux concepts nébuleux, la motivation des salarié.es est plus que jamais la précieuse pépite à débusquer dans une jungle hostile : aujourd’hui, dans le monde, un.e salarié.e sur cinq ne trouve pas d’intérêt dans son travail et près de neuf sur dix ne se sentent pas impliqués dans la vie de leur entreprise. Quels leviers privilégier, pour booster la motivation de ses employé.es ? Tour d’horizon.
Jadis, l’instant d’un trémolo, lors de la signature d’un CDI, on vivait la grande vie. La vie sûre, avec l’assurance quasi éternelle du salaire qui va bien. Et ça pouvait lui suffire au salarié, tout cramponné qu’il était à la rationalité cartésienne qu’on lui avait fait biberonner dès l’enfance : « Trouve-toi un bon boulot sûr, qui paye bien ».
Aujourd’hui, on rebat les cartes. Toutes. Le bien-être déboule en force dans les entreprises. Marre d’une existence déchiquetée, travail d’un côté, vie personnelle de l’autre : les salarié.es de 2019 réclament plus de souplesse, pour concilier ces deux aspects de leur vie. En outre, l’engagement, la confiance, la reconnaissance, la formation, le sentiment d’appartenance sont autant d’éléments qu’un.e bon.ne manageur.e va immanquablement devoir prendre en compte, pour motiver ses troupes.
Les études sont unanimes : il existe trois facteurs à ne jamais négliger, dès lors que l’on souhaite motiver ses employé.es dans une société : la reconnaissance (qui est un plat qui se mange toujours chaud, et à toute heure, et qui permet d’éviter bien des burnouts), la confiance en la direction et la capacité d’évoluer au sein de l’entreprise.
Money, Money… pizza ou compliment ?
Et le salaire, alors ? Première idée reçue : mieux on est payé.e, plus on est motivé.e. Faux. La psychologie a mis en évidence le fait que le salaire n’est pas considéré comme une « récompense », mais bien comme une chose due. La rémunération n’est donc pas un facteur de motivation, sur le long terme. Au contraire : trop de récompenses fiduciaires diminueraient même la performance des employés. Ainsi, en 2016, Daniel Ariely, spécialiste de l’économie comportementale, a révolutionné le monde des RH, avec une… pizza ! Des salarié.es étaient récompensé.es tantôt par une prime de 25 euros, tantôt via un compliment-sms personnalisé de leur chef, ou enfin avec une pizza gratuite (qui aurait pu être des chèques-vacances, des tickets-restaurant ou une couverture santé). Bilan des courses ? Au bout d’un jour, le groupe des salarié.es ayant reçu la pizza affichait le meilleur score de motivation. En 2e place arrivait le texto laudatif du boss et enfin… la prime. In fine, sur une semaine, ce sont les sms du patron qui ont eu le plus d’effets motivants. Mais attention toutefois à ne pas négliger le facteur « argent » : une rémunération trop faible sera toujours source de stress, de frustration, de désengagement et donc… de manque de motivation.
Le bonheur, avant tout
Un salarié bien dans ses pompes est 30 % plus productif. De son côté, celle ou celui qui a le spleen, sera deux fois plus malade, six fois plus absent.e et deux fois moins créatif que les autres. Pire encore : le malheur est contagieux. Le pessimisme se propage comme un virus. Selon l’enquête la plus récente de Gallup sur l’état des espaces de travail dans 142 pays, intitulée « The State of the Global Workplace », une des méthodes les plus efficaces, pour booster la motivation, est de promouvoir le bien-être. Or, selon le baromètre Actineo 2017, 9 salariés sur 10 déclarent être plus motivés et plus efficaces, dans des locaux bien aménagés. Misez donc sur le « Office-Branding » : la création d’un espace de travail agréable et adapté, s’inscrivant dans l’ADN de votre société (charte graphique, couleurs, …)
Le pouvoir du son
Un open-space gigantesque vrombissant de centaines de tapotements de claviers, de sonneries de téléphone et de télés allumées en permanence ne va pas forcément plonger vos salarié.es dans des extases inextinguibles et productives. Le bruit, c’est du stress. Et rien n’est plus contreproductif à la motivation que le stress. Pensez donc à aménager des « quiet rooms » (salles silencieuses), qui permettent aux salarié.es de se ressourcer, de se détendre et d’être plus concentré.es, donc plus motivé.es et efficaces. À l’inverse, la musique peut également constituer un outil de motivation efficace, pour dynamiser les ventes, par exemple. Le succès d’un.e commercial.e passe par son attitude : le monde du sport le sait depuis longtemps : la musique augmente l’entrain, l’énergie et le dynamisme.
Exit la rigidité, place à la souplesse
Tant que faire se peut, émancipez vos salarié.es des contraintes horaires. S’il est possible, pour un.e employé.e d’échapper aux bouchons du matin, ou de pouvoir amener/récupérer ses enfants à l’école ou la crèche sereinement, il/elle n’en sera que plus détendu.e et motivé.e. C’est un fait : choisir ses heures de travail, c’est bon, pour le moral et pour la santé (ce qui fait baisser le taux d’absentéisme). Par ailleurs, de nombreuses entreprises font le pari de « l’intrapreneunariat » et accordent entre 10 et 20 % du temps de travail à des projets personnels. Ce n’est pas un hasard, si les sociétés qui cultivent l’intrapreneuriat motivent davantage leurs employé.es et gardent le personnel le plus talentueux dans leur entreprise. Ces 20 % de « temps perso » ont d’ailleurs permis de créer les produits les plus populaires de Google (Gmail, Adsense et Google News, …).
Appliquez le « 52/17 »
Les employé.es sont plus productifs lorsqu’ils/elles prennent souvent des pauses. Selon « DeskTime » (une application de productivité), les employés les plus performants sont ceux qui travaillent intensément pendant 52 minutes, avant de prendre une pause de 17 minutes, histoire de se changer complètement les idées et de repartir de plus belle. Encouragez vos salarié.es à discuter entre eux pendant les pauses, à créer du lien, à faire une partie de baby-foot ou une petite balade dehors.
Faire prendre la mayonnaise
Motiver, c’est impliquer. Il s’agit donc d’intégrer vos salarié.es dans la culture de votre entreprise. Aux Etats-Unis, la société Zappos (qui commercialise des chaussures) l’a bien compris. Elle va jusqu’à offrir une prime de 2000 € aux employés qui n’adhèrent pas pleinement à ses valeurs, afin qu’ils démissionnent. L’idée : être entouré exclusivement de personnes hyper-impliquées qui seront, de facto, plus motivées. Mettez le paquet sur le « Team-Building » (la « construction de l’esprit d’équipe ») : pique-niques, barbecues, « escape-games » consolideront les liens entre salarié.es et management. Certaines entreprises vont jusqu’à se doter d’un gong, histoire de créer une « tradition commune » : à chaque bonne nouvelle, retentit le gong et grandit le sentiment d’appartenance.
Corsez les défis
À l’instar de la routine, la simplicité tue la motivation. Rappelez-vous de cette société américaine, P.Duff & Sons, qui a lancé, dans les années 1940, la 1ʳᵉ préparation d’un gâteau en poudre, à laquelle il suffisait d’ajouter de l’eau. Les ménagères (cible de la société) ont dédaigné ce produit, qui a fait un flop. Trop simple, ce dernier ne mettait pas son utilisateur/trice en valeur. Une fois qu’il s’est agi de compliquer l’affaire (en y ajoutant des œufs frais), le produit a bondi dans les ventes. Le principe peut être rapporté aux salarié.es : leur donner de nouvelles tâches plus complexes et des responsabilités accrues boostent leur confiance en elles/eux et dopent leur motivation. Les employés impliqués s’investissent 57 % fois plus dans leur travail, selon PWC (https://www.pwc.com/us/en/about-us/corporate-responsibility/assets/pwc-employee-engagement.pdf).
La force des femmes
La qualité de vie au travail est meilleure lorsque des femmes font partie du management. En moyenne, les salariés se disent plus enthousiastes et plus motivés, lorsqu’une femme est leur supérieur direct. Globalement, les femmes auraient tendance à encourager davantage leurs collègues et à saluer mieux leur travail. Plus globalement, l’égalité salariale hommes/femmes constitue aujourd’hui un levier de motivation hyper efficace à ne surtout pas négliger. De fait, l’équilibre des rémunérations crée un environnement rasséréné, fédérateur et stimulant permettant aussi d’attirer de nouveaux talents. De fait : aujourd’hui, 60 % des diplômés en master, sont des femmes. Améliorer l’égalité hommes-femmes, c’est donc forcément s’assurer de recruter davantage de jeunes talents.
Une étude du « Crédit suisse » (http://www.calstrs.com/sites/main/files/file-attachments/csri_gender_diversity_and_corporate_performance.pdf) montre une corrélation claire entre un environnement de travail où la parité est respectée et performances améliorées. Cerise sur le gâteau : les entreprises ayant plus de 10 % de femmes parmi leurs dirigeants gagnent, en moyenne, 41 % plus que les autres. (https://www.huffpost.com/entry/gender-diversity-business-study_n_5945312?guccounter=1)
Il y a donc de nombreuses façons de motiver ses travailleurs, à vous de choisir les vôtres !